La causalité en sociologie et démographie. Retour sur le principe de l’action humaine

Working paper number
13-11
Publication Year
2013
Authors
Paper Abstract
Dans la littérature anglo-saxonne, le critère de « manipulation » dans l'étude des liens de causalité est actuellement en débat. De quoi s’agit-il ? La différence dans les résultats qui correspondent à un élément observé dans deux états ne peut pas être considérée à proprement parler comme l’« effet d’une cause », sauf quand les différents états sont sujets à la manipulation au sens où, dans le cadre d’une expérience contrôlée, l’expérimentateur peut assigner aléatoirement les sujets à ces états (à différents traitements, en pratique). Conceptuellement, l’expérience est fortement présente dans la définition statistique de « l’effet d’une cause » mais les scientifiques en sciences sociales ont tendance à identifier comme causes des caractéristiques plus ou moins immuables, comme le sexe ou l’âge. Dans ce contexte, le critère de manipulation est un invité imprévu, voire malvenu. On peut toujours étendre la définition d’une cause afin qu’elle convienne à nos habitudes, mais si l’on se pose la question de savoir pourquoi ce langage de causalité nous intéresse autant, on arrive à la conclusion que, au fond, nous nous efforçons de découvrir ce qui va se passer si nous faisons quelque chose, quand nous agissons. C’est par la capacité d’action plus que par celle de manipulation expérimentale que « les vraies causes » apparaissent ; en tout cas, les caractéristiques immuables ne devraient probablement pas être considérées comme des « causes ». Dans le monde social, la plupart des actions se déroulent à un niveau plus élevé que celui de l’individu. Par conséquent, nous nous trompons dans la plupart de nos « analyses causales ».